Au début de sa détention,
Meursault pensait comme étant libre, il songeait à être sur une plage et ne
prenait les choses au sérieux, se croyant entrain de jouer. Il lui fallait
quelques mois pour se rendre compte de sa vraie situation. C'est la visite de
Marie qui l'a situé réellement dans l'histoire, il est prisonnier et privé de
sa visite tant qu'ils n'ont pas été mariés.
Dans le tribunal, un jeune
journaliste qui le regardait attentivement lui a donné l'impression d'être
regardé par lui-même. C'est à partir d'ici qu'il va voir les choses différemment. Il s'est rendu
compte qu'il était intrus dans cette affaire, et il a raison, l'Occident est
intrus dans le conflit Israélo-arabique. Et pour la première fois depuis des
années, il a eu l'envie de pleurer, en constatant combien il a été détesté par
tous ses gens. L'Occident aussi ne sème que la haine par sa politique contre
les Palestiniens.
C'est vraiment étrange ce qui lui a arrivé,
pour la première fois, il a senti l'envie d'embrasser un homme, devant Céleste
témoignant en sa faveur, d'ailleurs c'est un être céleste comme l'indique son
nom. Mais enfin c'est de sentiment qu'il s'agit ici. Notre ami parvient enfin à
regagner sa sensibilité. A vrai dire ce n'est plus une condamnation, c'est
plutôt une purification. Il gagne en humanité et va reconnaître que toute la
ville recomposait pour lui « un itinéraire d'aveugle[1]».
Se débarrassant de son aveuglement, il va se rendre compte aux derniers moments
de sa vie qu'il avait fait un mauvais choix en prenant le parti de Raymond,
«Qu'importait que Raymond fût mon copain autant que Céleste qui valait mieux
que lui[2]?»
Ce n'est que plus tard que l'Occident se rendra compte de l'absurdité de sa
décision de suivre aveuglement Israël.
L'étranger, l'insensible et le
froid qui ne quitte jamais son calme, qui accepte tout et n'ose jamais refuser
ou contrarier et pour qui tout est égal, va se révolter contre l'aumônier au
déclin de sa vie. Il réussit, non seulement à regagner ses sensations et ses sentiments,
mais aussi sa bonne volonté. Il n'est plus étranger, mais un homme sûr de lui
qui sait exprimer ses avis et même les défendre.