samedi 14 décembre 2013

L'étranger de Camus, le procès:Une prise de conscience tardive


Au début de sa détention, Meursault pensait comme étant libre, il songeait à être sur une plage et ne prenait les choses au sérieux, se croyant entrain de jouer. Il lui fallait quelques mois pour se rendre compte de sa vraie situation. C'est la visite de Marie qui l'a situé réellement dans l'histoire, il est prisonnier et privé de sa visite tant qu'ils n'ont pas été mariés.
Dans le tribunal, un jeune journaliste qui le regardait attentivement lui a donné l'impression d'être regardé par lui-même. C'est à partir d'ici qu'il va  voir les choses différemment. Il s'est rendu compte qu'il était intrus dans cette affaire, et il a raison, l'Occident est intrus dans le conflit Israélo-arabique. Et pour la première fois depuis des années, il a eu l'envie de pleurer, en constatant combien il a été détesté par tous ses gens. L'Occident aussi ne sème que la haine par sa politique contre les Palestiniens.
 C'est vraiment étrange ce qui lui a arrivé, pour la première fois, il a senti l'envie d'embrasser un homme, devant Céleste témoignant en sa faveur, d'ailleurs c'est un être céleste comme l'indique son nom. Mais enfin c'est de sentiment qu'il s'agit ici. Notre ami parvient enfin à regagner sa sensibilité. A vrai dire ce n'est plus une condamnation, c'est plutôt une purification. Il gagne en humanité et va reconnaître que toute la ville recomposait pour lui « un itinéraire d'aveugle[1]». Se débarrassant de son aveuglement, il va se rendre compte aux derniers moments de sa vie qu'il avait fait un mauvais choix en prenant le parti de Raymond, «Qu'importait que Raymond fût mon copain autant que Céleste qui valait mieux que lui[2]?» Ce n'est que plus tard que l'Occident se rendra compte de l'absurdité de sa décision de suivre aveuglement Israël.
L'étranger, l'insensible et le froid qui ne quitte jamais son calme, qui accepte tout et n'ose jamais refuser ou contrarier et pour qui tout est égal, va se révolter contre l'aumônier au déclin de sa vie. Il réussit, non seulement à regagner ses sensations et ses sentiments, mais aussi sa bonne volonté. Il n'est plus étranger, mais un homme sûr de lui qui sait exprimer ses avis et même les défendre.



[1] Ibidem, p.96
[2] Ibidem, p.121