dimanche 24 novembre 2013

L'étranger de Camus, le procès: une condamnation à mort sans issue

Meursault s'est trouvé face à une condamnation, l'assassinat d'un homme. Dans la scène du procès, il y avait énormément des gens, des journalistes et des envoyés spéciaux même de Paris. Cela symbolise l'universalisme du procès de l'Occident, commettant des crimes contre l'humanité. L'Histoire s'en chargera.
On a fait entrer l'accusé dans la salle du tribunal et on l'a encore fait décliner son identité et malgré l'agacement, il a« pensé qu'au fond c'était assez naturel, parce qu'il serait trop grave de juger un homme pour un autre[1].» Ce serait vraiment grave de juger l'Occident à la place d'Israël, mais si cette dernière parvienne par sa malignité extrême à en abuser, cela au moins ferait débarrasser le monde d'une agressivité aveugle et idiote.
L'accusé a été condamné pour son insensibilité envers sa maman vivante et morte, vivante en la mettant dans un asile, et morte en l'enterrant avec une extrême froideur. C'était son premier crime qui a préparé les actes du deuxième, l'assassinat de l'Arabe. Pour le premier, il n'a eu rien à dire. Et pour le deuxième, il a voulu se défendre mais la cause qu'il a donnée, le soleil, a suscité les rires. Et malgré la bonne plaidoirie de l'avocat, pour laquelle il a reçu les félicitations de ses collègues, il a été condamné à mort. Il doit mourir parce qu'il n'avait « rien à faire avec une société dont [il] méconnaissait les règles[2]
La sentence est donc prononcée. Maintenant que sa vie est en jeu, il cherche en vain une issue. Peut-on éviter la mort? Et quelle serait la solution? Une évasion? Et même en réussissant à s'évader, être abattu en pleine course par une balle est un luxe interdit. La machine de la guillotine pourrait-elle tomber en panne? Quel est le nombre de ceux qui ont échappé à la machine? Ah! La machine! Elle est posée à même le sol, contrairement à celle de la Révolution de 1789 où l'on doit monter un échafaud. Les héros ont droit à l'ascension en plein ciel, à l'élévation. Ils ont vécu en héros et doivent mourir en héros. Lui, il n'est que criminel, vivant et mourant dans la bassesse. Vraiment le déclin de l'Occident, exactement comme ses gloires, n'a rien de grandeur. Sa fin serait comme celle de Meursault, «on était tué discrètement, avec un peu de honte et beaucoup de précision[3]

[1] Ibidem, p.87
[2] Ibidem, p.103
[3]Ibidem, p.112

mercredi 13 novembre 2013

L'étranger de camus, le procès: un matricide


Le protagoniste du roman a vécu avec sa mère, mais sans parvenir à la connaître. Il en ignorait l'âge. S'avançant dans les années, et gagnant la sagesse et le silence des vieillards, il l'a jetée dans l'asile, son rôle est fini là, elle n'avait rien à lui dire et ne devenait qu'une charge pesante pour une âme purement matérialiste. Mais il a été illusoire en croyant que le silence est un non-langage, par contre il vaut mieux que la parole et traduit ce que ne peut traduire cette dernière. Lors de la seule visite qu'il a eue durant tous les mois de sa prison, il a remarqué qu'un jeune Arabe et sa vieille mère sont restés silencieux tous le temps. Ils ne se disaient rien mais se regardaient fixement, alors que les prisonniers et leurs visiteurs parlaient à haute voix autour d'eux. Insensibles à ce brouhaha, ils continuaient leur dialogue silencieux, profitant de la courte durée de la visite pour faire un échange d'émotion inaccessible pour les âmes aveugles comme la sienne.
Les considérations matérialistes sont donc prioritaires chez notre héros, et tant qu'il n'a pas eu d'argent et que sa mère a été usée et n'a eu rien à lui dire, l'asile semble être une solution tout à fait légitime. Il a même jugé qu'elle était heureuse là-bas. Mais la vérité est toute à fait contraire. Elle, et selon le témoignage du directeur de l'asile, lui a toujours reproché cet acte et a souvent pleuré, surtout qu'il ne lui a rendu que rarement des visites. C'étaient un surcharge de plus tant qu'elles lui prenaient le dimanche. Il a voulu se réjouir de sa vie sans aucun engagement envers celle qui lui a donné la vie. C'est également pourquoi il ne dissimule guère le souhait de la voir morte.
Meursault a eu son vœux, sa mère a été enfin morte, mais est-il absolument libéré de ses engagements envers elle? Pas encore. Une nouvelle fois, elle se tient obstacle devant ses projets. Il doit veiller à son enterrement.  Elle dérange ses projets vivante et morte. «Ce n'est pas de ma faute[1]» disait-il souvent, ce n'est pas de sa faute que sa mère est morte, que sa vie va se modifier un peu pour accomplir un devoir purement humain, l'enterrement de sa mère, c'est de la faute de la morte elle-même. Elle ne devait pas mourir, ou, plutôt, ne devait pas être sa mère. Maintenait, il lui attend un fardeau à faire, la scène de l'enterrement, et il va l'accomplir avec tout le calme du monde. Il a fumé, dormi et bu du café au lait «devant le corps de celle qui lui avait donné le jour[2].» Et sans pleurer ni éprouver aucune affection, il est allé l'ensevelir sous la terre, et est partit aussitôt l'enterrement fini, sans se recueillir sur sa tombe, comme un prisonnier récemment libéré. Il s'est enfuit avec sa vie suffisamment reportée et dérangée, pour aller s'en réjouir, le lendemain même. Mission accomplie, et il est actuellement libre de tout engagement même moral. Il est allé sur la plage prendre des bains, a établi une relation avec une femme et ils se sont rendus au cinéma pour se divertir, en regardant un film comique. La vie ne doit s'arrêter avec la perte d'une mère.
Sa mère avait vécu et était partie en silence. Mais son mal comportement avec elle ne pourrait passer ainsi. Il serait jugé pour son insensibilité envers sa maman que pour le crime, l'assassinat de l'Arabe. Ne l'avait-il pas vraiment tué par négligence et par méconnaissance? Il est hors de doute qu'il songe à sa mort pour s'en débarrasser, comme il est fort probable qu'il mettrait fin à sa vie si celle-ci s'allongerait au-delà de cela. Il n'est guère contre l'assassinat des proches. C'était son avis dans l'affaire du Tchèque tué par sa mère et sa sœur pour son argent. D'ailleurs, il est en vogue l'assassinat des parents. L'affaire qui suit la sienne dans le tribunal est celle d'un parricide. C'est une gradation remarquable, on ne se contente de les , mais on les tue. Et notre héros a tué sa maman, sinon physiquement, il l'a assassinée moralement. Et c'est ce qui prépare les actes du meurtre réel de l'Arabe.  C'était la conclusion du procureur qui s'écriait:« j'accuse cet homme d'avoir enterré une mère avec un cœur d'un criminel[3]
Cette scène traduit toute la vérité, l'Occident, dépourvu de son humanité, commet un crime contre l'humanité, une guerre illégitime, celle contre  Palestine.



[1] Ibidem, p.9
[2] Ibidem, p.91
[3] Ibidem, p.96

dimanche 3 novembre 2013

L'étranger de Camus:le procès

Le crime commis par Meursault contre l'Arabe, par le revolver de Raymond, dans une source de l'eau rafraîchissante, dans une plage aux sables brûlants, est une guerre déclenchée par l'Occident contre les Palestiniens, par une arme israélienne, pour s'emparer d'un pays riche naturellement par la matière la plus valeureuse à l'avenir, l'eau, dans le Sahara arabe. Meursault serait condamné pour son crime majeur et pour les crimes préparatifs. Il serait accusé d'être un monstre moral et de commettre un matricide, et serait condamné à mort. Se rendra-t-il enfin compte de la cruauté de son acte? Et réussira-t-il à se libérer de la tutelle du profiteur Raymond?

Un monstre moral

Meursault a commis son crime avec un sang froid, qui a étonné même le procureur. Celui-ci a reconnu que l'on est devant un cas particulier. Le criminel est sans âme ni principes moraux, inhumain et a un vide du cœur. Il est athée et ne croit pas à un dieu qu'il ne peut pas voir parce qu'il a un cœur aveugle. Il est de surplus un péché qui mort sans regretter son atroce crime.
Les instructions faites par le juge ont appris qu'il a fait preuve d'insensibilité. Le lendemain de la mort de sa mère, il est allé à la plage où il a rencontré Marie, ensemble ils se sont réjouis, ont pris des bains, sont allés au cinéma, ont ri devant un film comique et ont même passé la nuit ensemble. Il est insensible même à son sort, pendant la scène du procès, il n'a pas eu le "trac", par contre cela l'a intéressé de voir un procès, car il ne l'a jamais eu l'occasion dans sa vie.
Meursault est aussi un lâche, il n'a pas voulu aller chercher un agent pour sauver la fille arabe des mains du sauvage Raymond. De surplus, il a contrefait les vérités en témoignant que c'était elle qui lui avait manqué. Cela parait étrange, mais notre héros, vide sentimentalement et sans principes ni assise morale n'a rien de commun avec les humains. Rien que l'animalité ne peut le débarrasser de ses charges sociales et ses engagements envers sa mère qu'il en a espérée la mort. Effectivement tous« les êtres sains avaient plus ou moins souhaité la mort de ceux qu'ils aimaient[1].» C'est un souhait tout à fait légitime tant qu'ils deviennent un fardeau, au moins dans la conscience morbide de Meursault qui est allé jusqu'à légitimer le meurtre des proches pour s'emparer de leur argent. Ainsi, et en lisant, dans un vieux journal trouvé dans sa prison, le fait divers du Tchèque qui avait parti faire fortune et est revenu après vingt-cinq ans. Pour faire surprise à sa mère et à sa sœur qui tenaient un hôtel dans leur village natale, il s'était présenté comme un client riche. Ne l'ayant pas connu, elles le tuaient pour se suicider après avoir révélé sa vraie identité. Cette histoire lui a paru naturelle.
Un être de telles conditions peut commettre un crime sans sourciller ni quitter son sang froid. Le pire est de ne pas éprouver aucun repentir. Cela a suscité l'étonnement du juge et du procureur à la fois. Le premier a déclaré que les autres criminels pleurent toujours de remords, celui-ci a une âme endurcie, nul remords, juste un ennui. Le deuxième a conclu: « Le même homme qui au lendemain de la mort de sa mère se livrait à la débauche la plus honteuse a tué pour des raisons futiles et pour liquider une affaire de mœurs inqualifiable[2].» Ce n'est qu'un« monstre moral[3].»




[1] Ibidem, p.67
[2] Ibidem, p.95
[3] Ibid