mercredi 30 octobre 2013

La Boite à merveilles de Ahmed SEFRIOUI

Quand la réalité plate et frivole l'étouffe, quand la solitude extrême à laquelle il est condamné s'accentue, quand le monde peuplé des êtres aveuglement imitateurs, médiocres, bas et incompréhensifs l'assiège, quand il devient spectateur de sa propre vie au lieu d'en être l'acteur, Sidi Mohammed ouvre sa boîte à merveilles pour que le monde sublime et élevé de l'imagination s'offre volontiers à lui, le monde de l'invisible, du merveilleux, habité par les fées, les rois et les princesses de mille et une nuits et les démons bénéfiques, un monde où tout est grandeur, élévation et idéalisme.
Pourtant cette boîte à merveilles ne contient que des objets ordinaires sans valeur: un cabochon de verre; des clous; des boutons de porcelaine; des épingles…ce sont toute sa fortune. Mais qu'est ce qui les fait transformer en êtres merveilleux?
Sidi Mohammed, enfant de six ans, vit avec son père, le tisserand, et sa maman dans une maison partagée avec d'autres familles, chacune loue une pièce. Le rez-de-chaussée est réservé à Lalla Kanza, la chouafa ou la voyante qui fait brûler des aromates et organise des séances de hadra pour satisfaire aux démons qui occupent la maison et agissent bon ou mal sur les habitants. L'enchantement se transmet à la boîte et en fait animer merveilleusement les objets. C'est ce qu'il a cru jusqu'à présent Sidi Mohammed, mais au fur et à mesure que les événements avancent, il va découvrir que les capacités miraculeuses de cette voyante, qui établit un commerce familier avec les puissances invisibles, ne sont que de pur charlatanisme.
Le pauvre mène toujours cette vie mortellement ennuyeuse en compagnie d'une mère imitatrice comme les autres. Lui il refuse l'imitation qui ne fait que reproduire la même réalité existante. Il est innovateur et rêveur comme son père dont il souffre l'absence toute la journée, il sort tôt le matin et ne revient que tard le soir. Mais les quelques moments qu'il passe auprès de lui ont été suffisants pour nourrir son imagination par les histoires d'un certain Abdellah, l'épicier fabuleux qui ne vend rien mais raconte des histoires. Celles-ci a eu l'effet de l'enchantement sur le petit enfant qui arrive finalement à conclure qu'il est devenu enfin maître de sa boite et qu'il est seule capable de transformer ses objets. Il en possède la clé c'est son imagination.  Et tout en poursuivant sa vie, il se charge volontiers de nous décrire Fès de l'époque, nous raconte ses aventures infernales dans le bain maure et le Msid, l'école coranique. Et quand la tristesse et la solitude s'emparent de lui, il n'a qu'à aller se réfugier dan sa boite à merveilles, son échappatoire et son portail au monde virtuel où il aime éternellement exister.

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